Dark : la start-up française qui veut nettoyer l’espace grâce à l’impression 3D
Dark, une start-up innovante basée à Bordeaux, transforme l'industrie spatiale avec une approche audacieuse : des lancements aéroportés qui offrent une plus grande flexibilité et réduisent les coûts liés aux infrastructures traditionnelles. En intégrant l'impression 3D métallique dans la conception de ses moteurs, Dark redéfinit les normes de performance et de rentabilité, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère pour les technologies spatiales.
Une fusée lancée depuis un avion : l’agilité avant tout
Le principe derrière la fusée HADES de Dark est simple mais radical : au lieu d’utiliser une rampe de lancement classique, la fusée est attachée sous un avion-cargo modifié. Après un vol à haute altitude, l’avion largue la fusée, qui allume immédiatement son moteur pour rejoindre l'orbite. Cela permet à Dark de s’affranchir des contraintes géographiques des sites de lancement traditionnels, comme celui de Kourou en Guyane, qui nécessite un long acheminement des fusées et des charges utiles.
Cela offre de nombreuses flexibilités : Dark pourra opérer depuis n’importe quel aéroport, dans le monde entier, permettant des lancements urgents en moins de 24 heures. Cette approche a de fortes implications en termes de réduction des coûts logistiques et accélération de l’accès à l’espace. En cas de besoin, par exemple pour des missions de nettoyage de débris spatiaux, un lancement pourra être réalisé dans un délai extrêmement court, répondant ainsi à des situations d’urgence.
L'impression 3D pour concevoir des moteurs plus efficaces et rapides
L’un des aspects les plus novateurs de Dark est l’utilisation de la fabrication additive, ou impression 3D, pour la conception de ses moteurs. Contrairement aux méthodes traditionnelles de fabrication de moteurs, qui requièrent des processus longs et coûteux, l’impression 3D permet de créer des pièces très complexes et légères en un seul bloc, sans avoir à assembler plusieurs composants séparés. Cela permet à Dark de réduire les coûts de production, mais aussi d’itérer rapidement sur des designs plus performants.
La fabrication additive permet également de mieux contrôler les propriétés thermiques et mécaniques des pièces. Par exemple, le moteur de HADES intègre un système de refroidissement régénératif, qui permet de refroidir la chambre de combustion en réutilisant le carburant. Cette innovation est rendue possible grâce à l’impression 3D, qui offre une liberté de conception que les méthodes classiques ne permettent pas.
Dans la pratique, Dark a déjà imprimé 16 variantes de moteurs avec cette technologie, chacune conçue pour maximiser l’efficacité et minimiser les coûts. Le choix de l'impression 3D permettra également de réduire les délais de prototypage, un avantage crucial pour un secteur où la réactivité est un facteur clé.
Un site de production à Bordeaux-Mérignac : vers une industrialisation à grande échelle
En plus de ses ambitions techniques, Dark met en place une infrastructure capable de répondre à ses objectifs de production en grande série. La start-up va s’installer sur un site de 20 000 m² à Bordeaux-Mérignac, à proximité de l’aéroport, où elle centralisera l’ensemble de ses opérations : conception, production, assemblage, et essais. Ce site deviendra le cœur de l’activité industrielle de l’entreprise.
Le site sera équipé de technologies de pointe pour l'assemblage de moteurs et de lanceurs, et Dark prévoit de créer 500 emplois d’ici 2026. En plus de la production de lanceurs, ce site sera aussi un centre de maintenance et d’amélioration continue des moteurs, ainsi qu’un centre de recherche et développement où les prochaines générations de moteurs et de fusées seront conçues et testées.
Cela permet à Dark de s'assurer qu'elle dispose des ressources nécessaires pour répondre à une demande croissante en matière de lancements spatiaux commerciaux et interventions urgentes pour la gestion des débris spatiaux.
Dark, une start-up stratégique pour l’Europe
Dark ne se contente pas de proposer une solution technique novatrice ; elle s’inscrit également dans une vision plus large de l’industrie spatiale européenne. L’entreprise a déjà reçu le soutien de plusieurs institutions françaises, telles que le CNES (Centre National d’Études Spatiales), qui l’a accompagnée dans le cadre de son programme pour les missions de retrait de débris spatiaux. Cela lui permet d’intégrer son projet au sein des priorités de sécurité spatiale de la France et de l’Europe.
Le financement a été soutenu par des investisseurs comme Eurazeo, Kima Ventures, et Bpifrance. Grâce à ces partenariats stratégiques, Dark ambitionne de participer aux futurs appels à projets de microlanceurs soutenus par la Commission Européenne, qui soutiennent des projets comme le sien pour l’accessibilité et la souveraineté spatiales européennes.
L'entreprise espère lancer ses premières fusées en 2026, avec des premiers vols d’essai prévus dans les prochains mois. À terme, Dark pourrait révolutionner l’industrie spatiale européenne et offrir une réponse agile et rapide aux enjeux liés à la sécurité en orbite.